
2025 | Les usagers de l’accueil de jour Couleurs et création de la Gabrielle font évoluer leur environnement par la création d’un chemin et un portillon d’accès. Un symbole fort d’une mobilité du quotidien repensée en living lab.
La plateforme de la Gabrielle a franchi en 2023 une étape majeure dans sa démarche d’inclusion et d’innovation sociale avec la création de GABLAB, un living lab dédié à la co-construction de solutions par et pour les personnes accompagnées. Ce laboratoire vivant, inspiré des principes de l’ingénierie sociale collaborative, place les usagers, leurs familles et les professionnels au cœur des processus de recherche de solutions.
Parmi les projets inscrits dans cette logique, la création d’un portillon et d’un chemin d’accès pour fluidifier la connexion entre deux espaces illustre comment une démarche participative peut transformer un simple aménagement en un symbole du pouvoir d’agir.
Un projet imaginé dans l’esprit du concept architectural de la 'ligne de désir'
C’est l’étape 1 de la méthode GABLAB (voir Figure 1 ci-dessous). Tout commence par un questionnement concret quand les usagers de l’accueil de jour Couleurs et Création de la Gabrielle (en savoir plus) soulèvent les difficultés liées à leur trajet quotidien pour se rendre au self de la Gabrielle.
A l’origine de la conception du service, ce parcours avait été imaginé comme partie intégrante du processus de désinstitutionnalisation avec une entrée/sortie donnant sur l’espace public. Tout particulièrement au moment de midi et le self de la Gabrielle, il a au fil du temps été perçu comme trop long, fatiguant et source de perte de temps d’activité ; les aspects de santé (corpulence ou mobilité réduite) comme les conditions météorologiques pouvant s’inviter dans une situation vécue comme une contrainte.
Figure 1 - La méthode GABLAB
Ce constat est naturellement porté devant le Conseil à la Vie Sociale (CVS) par Charles Cattiaux et Tristan Caplat, usagers de Couleurs et création et respectivement président et représentant du CVS. C’est le point de départ d’une démarche collective.
Les usagers évoquent l’idée d’un nouvel accès plus direct et facilitateur. Dès lors, à la suite de ce processus d’expression collecté par la direction de la qualité et de la gestion des risques de la Gabrielle, GABLAB met en place les conditions d’un travail collectif de co-construction. C’est l’étape 2.
Une première réunion rassemble donc 19 usagers et 3 professionnels. Les échanges confirment les premières réserves émises et une volonté partagée de trouver une solution.
Co-création : du diagnostic à la solution
Le processus de cocréation s’est articulé en plusieurs étapes clés suivant la méthode du living lab de la Gabrielle.
C’est tout d’abord une analyse partagée. Les données quantitatives et comparatives (distance, temps de trajet) sont présentées, mais c’est avant tout l’expression libre des usagers qui enrichit le diagnostic. L’absence de bancs, la déclivité du terrain et les intempéries sont identifiées comme des obstacles majeurs constitutifs de l’existant.
En lien avec la direction des services techniques, l’exploration des options a lieu le 9 décembre 2024 lors d’une réunion in situ permettant de tester deux options d’aménagement. Les usagers parcourent les trajets proposés et retiennent (à la majorité) la meilleure option du point de vue de leur expertise d’usage.
Pouvant s’apparenter au concept de ligne de désir, cette étape est tout à fait remarquable du point de vue du pouvoir d’agir des personnes accompagnées ; un concept qui illustre comment l’individu adapte son environnement à ses besoins, parfois de manière informelle mais révélatrice. Dès 202, les travaux et aboutissent à la création d’un chemin et d’un portillon d’accès direct au campus de la Gabrielle (voir Figure 2 ci-dessous).
Figure 2 - Plan de l'aménagement issu du groupe de travail
Création du nouveau chemin au printemps 2025
De manière générale, ‘’la marche est une expérience riche, à la fois motrice, sensorielle, émotionnelle et cognitive. Nos comportements s’ajustent en permanence à ce que l’espace nous inspire et aux possibilités d’action qu’il évoque en nous’’, précise Emma Vilarem, Docteure en neurosciences cognitives et co-fondatrice de l’agence [S]CITY et par ailleurs, intervenante experte sur le projet Espaces et handicap de transformation de l’offre de la Gabrielle.
Ces lignes de désir sont souvent interprétées comme un signal pour les urbanistes ou les architectes, suggérant que l’aménagement initial ne correspond pas aux habitudes ou aux besoins des gens. Comme dans notre cas, ‘’les déviations de trajectoire en sont la preuve : on rallonge parfois un parcours pour traverser un lieu qui nous fait du bien, ou on le raccourcit pour emprunter l’itinéraire qui nous semble le plus adapté. Intégrer les lignes de désir lorsque l'on repense les cheminements, c’est ainsi adopter une approche centrée sur l’usager, réduire la friction dans les déplacements, donc les rendre plus accessibles à toutes et tous’’, conclut Emma Vilarem.
Mesurer l’impact par l’usage, communiquer par la prise de parole
Une évaluation menée de concert avec les usagers et les professionnels. Six mois après sa mise en service, une photographie sur l’utilisation de ce nouvel accès a été menée sous la forme d’une enquête qualitative auprès des usagers comme des professionnels. Ils ont pu témoigner de leur niveau de satisfaction globale (17 usagers/20 Très content et 3 usagers/20 Assez content · 6 professionnels/6 Tout à fait satisfait) et leur perception sur des notions liées, telles que le gain en confort, la perception du gain de temps (L’ensemble des professionnels - 6 - constatent un gain de temps pour les activités, le travail administratif ou encore le temps informel). Des pistes d’améliorations ont également émergé, comme par exemple, la création d’ornements floraux le long du nouveau parcours.
Cette 1re photographie constitue le Point 0 d’un savoir expérientiel. Elle permettra, demain, d’ouvrir des perspectives d’ajustements et d’asseoir le principe d’idéation dynamique où chacun·e se sent légitime pour proposer.
Afin de valoriser ce projet, GABLAB a souhaité donner la parole à des usagers volontaires.
‘’Après 2 ans de mise en place du living lab de la Gabrielle, il est important de montrer que chaque personne impliquée dans un projet est capable de participer à sa valorisation par le témoignage. Cet exercice est une nouvelle brique, résolument inclusive, de consolidation de GABLAB’’, précise Samuel Chardon, directeur du living lab de la Gabrielle et de la communication.
C’est donc au travers d'une vidéo (voir capsule vidéo ci-dessous) qu’ils ont apporté un témoignage spontané et direct. Elle a ainsi pu être projetée en CVS le 14 novembre dernier et entrer en résonance avec la demande initiale.
La création de ce portillon et de ce chemin d’accès, c’est probablement plus qu’un aménagement. C’est le fruit d’une démarche où les usagers de la Gabrielle sont considérés comme des experts d’usage.
Le pouvoir d’agir gagne du terrain. Il est au cœur de l’engagement de la plateforme médico-sociale de la Gabrielle.
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